Cours de langue
Cours de provençal : renseignements à ieoarle@free.fr.
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Vendredi 15 octobre 2021 à 19 h, à la
librairie-galerie « De natura rerum »
Dès sa première œuvre, Vita nuova (Vie nouvelle), écrite entre 1292 et 1295, Dante évoque la lingua d’oco à côté de la lingua di sí (XXV). Dans De vulgari eloquentia (De l'éloquence en langue commune), œuvre inachevée, en latin, écrite vers 1303, Dante distingue de nouveau les langues de l'Europe occidentale selon la façon de dire oui. Aux côtés de la langue d’oïl et de la lingua di sí, il caractérise la langue d’oc comme « la plus douce et la plus parfaite puisqu’elle a été la langue des premiers poètes en langue vernaculaire, tels Pierre d’Auvergne. » (livre I, x) Il évoque et cite également les troubadours Sordel (livre I, xv), Giraut de Borneil, Aimeric de Belenoi, Aimeric de Péguilhan, Folquet de Marseille, Arnaut Daniel (livre II, vi). Dans la Divine comédie (achevée en 1320), les références aux troubadours sont également nombreuses : - dans l’Enfer, Bertrand de Born (chant XXVIII) ; - dans le Purgatoire, chant VI, allusion à Sordel ; dans le chant XXVI, à Giraut de Borneil, puis Dante fait s’exprimer Arnaut Daniel en occitan (vers 140 à 147). Il ne s’agit pas d’une citation, mais d’un texte de Dante lui-même, ce qui montre sa connaissance de cette langue : « Tan m'abellis vostre cortes deman, qu'ieu no me puesc ni voill a vos cobrire. Ieu sui Arnaut, que plor e vau cantan; consiros vei la passada folor, e vei jausen lo joi qu'esper, denan. Ara vos prec, per aquella valor que vos guida al som de l'escalina, sovenha vos a temps de ma dolor ! ». « Tant me plaît votre question courtoise, que je ne peux et ne veux vous cacher mon nom. Je suis Arnaut, qui pleure et vais chantant ; Contrit, je vois la folie passée, Et je vois, joyeux, la joie que j'espère un jour. C'est pourquoi je vous prie, par ce pouvoir Qui vous guide jusqu'au sommet de l'escalier, De vous souvenir, le moment venu, de ma douleur. » - dans le Paradis, chant IX, Dante fait parler longuement Folquet de Marseille. * Pour aller plus loin : Gilda Caiti-Russo : Des chansonniers occitans au livre de la mémoire : la « Vida » nuova de Dante. Revue des langues romanes, CXX, n° 1, 2016 (dossier « Les Troubadours et l’Italie »). En ligne : https://journals.openedition.org/rlr/378 Edoardo Vallet : Les troubadours et l’Italie. Europe, n° 950-951, 2008 (dossier «Les Troubadours »). Maria Soresina : Dante e la lingua occitana / Dante e la lenga occitana (en italien et en occitan). En ligne : http://www.chambradoc.it/occitanoLinguaMadre/danteELaLinguaOccitana.page Hommage à Serge Bec à Arles, mardi 12 juillet 2011, dans le cadre du festival Convivéncia Né à Cavaillon en août 1933, Serge Bec suit une formation littéraire, devient journaliste et critique d'art. Il n'a cessé de faire entendre sa voix poétique en langue d'oc depuis plus de cinquante ans et il est considéré comme le plus important poète provençal contemporain. Un colloque lui a été consacré en 2009 à Montpellier par l'université Paul-Valéry. Plus de quinze recueils de poèmes jalonnent son cheminement, Serge Bec écrit aussi en français (romans, ouvrages sur la Provence, pièces de théâtre). Il a été maire-adjoint délégué à la culture de la ville d'Apt de 1977 à 1983, directeur-adjoint du parc naturel régional du Luberon, président du Centre Européen de la Poésie d'Avignon. « La poésie d'oc assume la responsabilité d'un passé, endosse celle du présent et peut-être d'un avenir plus collectif. Le poète d'oc a l'obsession de sa langue. Galopade épuisante pour rattraper cette langue en lui-même, présente dans ses dérobades multiséculaires pour que sa chair devienne la langue qui le fuit, qui le paralyse, qui le ronge, qui l'enchaîne, qui l'exalte. Qui l'engage. Pour la sauver ? Au moins pour la faire reconnaître. Pour – simplement mais douloureusement, tragiquement – écrire dans sa langue. Pour témoigner d'une civilisation. C'est dire que la poésie d'oc ne peut pas être dilettante. Ni jeu gratuit. Ni spéculation. […] Il y a dans la poésie d'oc d'aujourd'hui, une rare qualité humaine qui s'ouvre à la fois dans une symbolique de l'enracinement terrestre et dans une émotion tellurique et cosmique qui lui donne, à cette poésie, une force intérieure qui n'hésite pas à mordre dans la révolte. » S. Bec, extrait de Mon « activité poétique », in L'aujourd'hui vivant de la poésie occitane, suppl. de la revue Triages, éd. Tarabuste, 2009. Petit lexique de botanique
lo greu le germe, le bourgeon la fuelha la feuille la flor la fleur la petala, lo fulhon le pétale lo dard le pistil lo fruch le fruit (N.B. : la frucha a une valeur collective) lo meselhon le noyau la camba la tige l’espina l’épine lo clòt, la mata la touffe lo bòsc le bois lo tronc, lo pège le tronc la branca la branche la bronda le rameau, la frondaison lo brot la pousse lo peu le brin d'herbe la gitèla le rejeton la saba la sève la rusca l’écorce la racina la racine - Végétation de la campagne et des marais (à Pont de Crau, mars 2010) 1. Arbres e arbustes l'agrenier le prunelier lo frais le frêne lo grata-cuòu l'églantier lo lausier le laurier la pibola le peuplier lo sambuc le sureau noir lo sanguin le cornouiller sanguin lo sause le saule la tamarissa, la gachòla le tamaris
2. Herbes et plantes
l’alhet l’ail l'arrrapa-man le gratteron l’aurilha d’ase la molène sinuée la bana de cervi le plantain corne de cerf la bleda la blette sauvage lo brama-fam l'alysson martime (corbeille d'argent) la cabridèla, lo seniçon le séneçon lo cabrifuelh le chèvrefeuille la cardèla le laiteron lo cardon bastard la cardère sauvage lo cardon de Maria le chardon Marie la cardonessa la picride vipérine lo caulet arpian le brocoli sauvage
la moreleta la morelle amèrela civada fèra la folle avoine la cocoromassa, la cocombrassa le concombre d’âne la consòuda la prêle lo cotelàs, lo glaujòu l'iris jaune la creissoneta la cardamine des prés l'entrevadís la clématite vigne blanche (herbe aux gueux) l'erba de cinc còstas le plantain commun l'erba de la vipèra la vipérine commune l’espargola la pariétaire l'èugue, lo saupudènt le sureau hièble l'èure le lierre lo figueiron l'arum (pied de veau) la foterla l'aristoloche clématite la lamporda, lo tira-pèu la bardane lo lapàs la patience violon la lambrusca la vigne sauvage lo lènte, la lusèrna la luzerne la mostarda blanca la moutarde blanche la ninfèa le nénuphar l'ortiga l'ortie la serreta le carex lo treule le trèfle
Meiffren, Guillaume, baron de Chartrouse. Nomenclature patoise des plantes des environs d’Arles. Arles : impr. Dumas, 1859. Mistral, Frédéric. Lou Tresor dóu felibrige ou dictionnaire provençal-français. Paris : Slatkine, 1979 (première édition : 1878). Bouvier, Jean-Claude et Martel, Claude. Atlas linguistique de la Provence. Paris : CNRS, 1975. Marco, C. et Ubaud, J. Lexic provençau de botanica : 350 plantas. Marseille : IEO des Bouches du Rhône, 1984.
Une longue antiquité Dans l'Antiquité et bien avant le processus de colonisation par les Grecs de Marseille (Massalia) puis les Romains il est certain que le Rhône joue un rôle extrêmement important que l'on peut aussi qualifier de déterminant dans l'occupation humaine du futur site d'Arles. L'Arles primitive est bâtie sur une colline placée hors des atteintes des inondations, en bordure du fleuve qui fournit les ressources indispensables aux besoins fondamentaux de la vie, avec la pêche et la chasse. Il fournit aussi les matériaux nécessaires aux structures d'habitation (terre de briques crues pour les murs, du bois pour les charpentes, la sagne pour les toitures…). Le fleuve est également un vecteur de communication et de circulation des marchandises sur des embarcations comme les pirogues, les radeaux portées par le courant. De là on peut penser qu'il est possible qu'il y ait eu un ou des péages afin de prélever une part des produits transportés. Le fleuve est une entité qui emplit la vie de tous les jours des premiers habitants. Lorsque les Grecs de la fondation phocéenne de Massalia implantèrent des emporions (marchés) en divers sites de la Provence maritime il parait également évident qu'ils ne s'installèrent pas sur des zones désertes mais bien en des lieux déjà inscrits dans le processus des échanges commerciaux. Arles ou plutôt la Theliné comme ces nouveaux venus vont la nommer voit certainement se développer une activité commerciale quelle n'avait jamais connue auparavant. Le Rhône est l'élément déterminant dans la croissance du rôle de l'échange matériel mais aussi donc contribue à préparer les changements sociaux, politiques qui vont modifier durablement l'évolution de cette ville d'ouverture vers la Méditerranée et l'Europe. L'arrivée du colonisateur romain dans le IIe siècle avant J.C. qui va marquer aussi profondément son empreinte dans le paysage provençal est déterminante pour la ville d'Arelate. Le développement sera considérable notamment à certaines périodes dans la longue durée de la présence de Rome. Les récentes découvertes archéologiques spectaculaires faites dans les profondeurs du fleuve ne doivent pas faire oublier le travail de plusieurs années de recherche allant dans le sens pressenti de ce rayonnement considérable de la ville dans les échanges entre la Méditerranée et l'intérieur des terres. Il apparaît toutefois que ce sont les produits, les contenants surtout, amphores et céramiques diverses, venant d'Italie, d'Espagne et d'Afrique du Nord qui émergent des fouilles subaquatiques. Les produits venant des régions septentrionales ont sans doute laissé moins de traces matérielles de fait, les céréales, le bois, les peaux, tous produits et matières périssables n'ont laissé subsister que peu de vestiges. Le poète du IVe siècle Ausone, souvent cité pour sa louange des villes de la Gaule, a en son temps rappelé que la ville double (Arelas duplex) vivait par son fleuve, redistribuant les richesses reçues de toutes les parties du monde méditerranéen. Philippe Rigaud, historien. Au mois
de janvier 2010, un groupe d'étudiants de l'Etat d'Iowa
(Etats-Unis), accompagné de leurs professeurs de français,
est venu, dans le cadre de leurs études, passer une semaine à
Arles pour étudier l'histoire de la période
gallo-romaine et médiévale. Ils ont demandé au
Cercle occitan du pays d'Arles de leur exposer l'histoire de la
langue occitane depuis ses origines. Cela eut lieu au centre
universitaire d'Arles. Nous avons ensuite répondu à
leurs questions. Ils nous ont aussi demandé de converser dans
notre langue, et nous étions fiers de voir que des jeunes et
des enseignants d'outre-Atlantique s'intéressaient à
notre langue et à notre culture. Ils nous ont parlé de
la situation des langues indiennes, pas mieux traitées dans
leur pays que les langues régionales en France. Après
avoir échangé des cadeaux (disques de leur musique pour
nous, grammaire et dictionnaire français / provençal
pour leurs professeurs), nous nous sommes séparés,
très satisfaits de cette rencontre, qui devrait se renouveler
à l'occasion d'un autre voyage.
Pour la langue d’oc : la force de l’unité
« Il n'est venu à l'idée de personne de tomber une cathédrale. Notre langue est plus qu'une cathédrale. Pourquoi alors y a-t-il autant de gens qui s'emploient à la démolir... »
Jean Boudou, Le Livre des Grands Jours.
« Peut-on sauver les langues en danger ? » « (…) la sauvegarde des langues en danger ne doit pas être l'affaire des seuls linguistes. La mort d'une langue précède souvent celle de toute une culture, dont elle est l'expression la plus directe. Considérer que la communication entre les peuples et surtout leur degré d'intercompréhension se verraient facilités par la réduction drastique du nombre de langues parlées dans le monde est un non-sens. La diversité culturelle est essentielle aux sociétés. (…) Alors, que faire, comment sauver ces langues en danger ? En premier lieu, en luttant contre l'indifférence générale qui entoure cette agonie linguistique. Lorsque des actions vigoureuses ont été entreprises, par exemple pour sauver le maori en Nouvelle-Zélande, il y a quelques années, elles ont été couronnées de succès. Encore faut-il que des associations internationales puissantes prennent conscience du problème, comme elles sont aujourd'hui convaincues de la nécessité de lutter contre l'érosion de la biodiversité. Au même titre que celle-ci, que le changement climatique ou que la désertification, la sauvegarde des langues en danger constitue un enjeu majeur pour notre avenir. » Alain Peyraube, L'Homme au 6000 langues, in Aux origines des langues et du langage, Fayard, 2006, p. 460-461. A. Peyraube est linguiste, directeur de recherche au CNRS et directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales. "Ce n'est pas ma langue !"
Extraits
d'un texte de Joan de Cantalausa (1925-2006), de son vrai nom Louis
Combas. C'était un grand savant, qui parlait de nombreuses
langues et qui a beaucoup voyagé. Outre ses oeuvres
personnelles, il a traduit en occitan plus d'un auteur (Giono,
Daudet, Kipling, Steinbeck...), les Evangiles, des bandes dessinées
d'Astérix... En 2003 est paru son Diccionari general
occitan (100 000 entrées).
« Ce n’est pas ma langue ! » Je n’ai jamais entendu cette exclamation dans aucun pays dont je connais le parler ; aucun Allemand, aucun Anglais, Portugais, aucun Italien, Espagnol, aucun Français ne me lâcha jamais cette ânerie en parlant d’un dialecte autre que le sien ; toutes les langues ont des dialectes. Un dialecte est une façon de parler un peu différente d’un dialecte voisin : un Marseillais ne parle pas le français comme un Lyonnais - je pense à Marius et à Monsieur Brun de Marcel Pagnol - un Toulousain ne parle pas non plus le français comme un Auvergnat, ni un Albigeois comme un Parisien… Il ne viendrait pas à l’idée à aucun de ceux-ci, ni pour tous ceux-ci, de crier qu’il ne comprend pas le français. Ceci ne veut pas dire qu’il n’y ait jamais quelque imbécile qui se moque du parler des autres, et, nous n’avons qu’à monter à Paris pour en faire l’expérience… Donc, des dialectes il en existe dans toutes les langues : une simple différence de mots, d’expressions ou d’intonations. Il y en a tant et plus en anglais, en allemand, en espagnol…comme en occitan, entre deux régions différentes, entre deux villes plus ou moins éloignées et même entre deux villages voisins. Pourquoi donc entendons-nous si souvent chez nous : « Ce n’est pas ma langue !» quand un Occitan critique une expression ou une intonation de son voisin ? Parce-que, comme tous les autres illettrés du monde entier qui parlent leur langue sans savoir l’écrire ni la lire, nous ne connaissons que les 350 ou 450 termes du pauvre et maigre parler de chaque jour ; oui bien que les 350 ou 450 mots du vocabulaire occitan des 450 000 mots (dérivés compris) ; 450 000 ! Autant qu’en anglais, deux fois plus qu’en français. Les chiffres de 350 ou 450 sont les statistiques officielles établies pour toutes les langues des illettrés du monde entier qui parlent leur langue sans la savoir lire ni écrire. C’est notre cas, car nous n’apprîmes pas l’occitan à l’école qui nous défendit, à coups de punitions et de mensonges, de continuer à parler notre langue maternelle-miracle, la première langue européenne après le latin. C’est pour cette raison que, chaque fois qu’un mot occitan, ou une expression, ou une intonation… ne ressemble pas exactement à notre façon de parler, le honteux « Ce n’est pas ma langue ! », nous échappe ; Il nous faut cesser de parler ainsi, car tout ce qui est occitan nous appartient à tous, que ce soit du provençal, du gascon, du limousin, de l’auvergnat... ou du languedocien. De plus, nous devons comprendre, que les 350 mots de la montagne ne sont pas les 350 mots de la mer, que les 350 mots des ouvriers ne sont pas les 350 mots des paysans... Si
nous voulons sauver notre langue, notre personnalité, notre
richesse, notre avenir, (je ne dis pas notre passé, car le
passé est le passé et qu’il ne faut pas regarder en
arrière) et si nous voulons être quelqu’un et peser
sur le futur, il nous faut cesser de dire que la langue de nos
voisins n’est pas notre langue ! Les 450 000 mots occitans
sont le patrimoine commun de tous les Occitans, de Culan à la
Val d’Aran, de Nice à Bordeaux... sans oublier notre jumelle
la Catalogne : 25 millions d’habitants qui, à la
différence des 380 000 Maltais, n’ont pas de statut
linguistique en Europe. Continuer à nous chercher noises et
querelles serait signer notre mort. |