Ceucle occitan dau país d'Arle

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Comment lire et écrire l’occitan ?

Chaque langue possède ses propres règles de lecture et d’écriture : les Italiens prononcent [k] ce qu’ils écrivent ch, les Espagnols prononcent [b] la lettre v, etc... Pour lire et écrire l’occitan, il suffit de même de connaître quelques conventions orthographiques.

Dès l’apparition de la langue, au Moyen Age, l’occitan a été écrit selon des principes identiques dans toutes les régions, qu’il s’agisse de la poésie des troubadours ou des textes administratifs. En voici un exemple avec un texte de 1380, extrait de la chronique de l'Arlésien Bertran Boysset :

La martelliera de Meyrana
L'an MCCCIIIIXX lo jorn X de jul fon acomensada de bastir la marteliera de Mairana per G. Portal, peirier. E fes la bastir Bertran Boysset, R. Selesti e sos nebotz, J. Jenselam, G. Jordan, Sansa Jordana, Laurens Andrieu e son fraire J. Andrieu. Item, fon aquabada de bastir l'an que desus lo jorn XX del mes d'octobre. Item, costet V sens e XXVII florins e III gros e III deniers an las portas e an lo torn e an la corda que avie mestier per ausar la porta. Item, fon tesaurier d'aquela moneda e governador d'aquesta obra desus dicha Bertran Boysset. Item, rendet conte e fon quitat. E fes la carta Bernat del Puey l'an que desus lo jorn redier e novembre e la trais en forma publica.
(Bibl. Nat., ms fr 5728)

A partir du XVIe siècle, l’imposition du français comme langue officielle a entraîné la dégradation progressive de l’orthographe authentique au profit de graphies calquées sur celle du français.


Au XIXe siècle, à la suite du Provençal Honnorat, les écrivains Perbosc et Estieu, puis, au début du XXe siècle, le linguiste Louis Alibert ont remis en vigueur le système orthographique d’origine, en le modernisant sur certains points. Ils rejoignaient en cela la recommandation de F. Mistral en 1874 dans une lettre à l'écrivain languedocien Achille Mir : « Il faut, si l'on veut exister, affirmer carrément son existence, en reprenant les traditions de notre littérature méridionale. Il faut expulser hardiment tous les gallicismes et appliquer à nos dialectes modernes le système orthographique des troubadours du XIIIe siècle » (Revue méridionale, sept. 1901, p. 123). C’est cette graphie qui est utilisée par l’IEO, et largement employée aujourd’hui sur tout l’espace occitan, y compris en Provence, par exemple par les écrivains Robert Lafont et Jean-Yves Royer, Grand prix littéraire de Provence, le premier en 2007, le second en 2010.

Ce système, fondé sur des conventions communes à toutes les variétés de l’occitan, facilite la compréhension écrite entre celles-ci, sans en privilégier une en particulier. Ainsi, pour tenir compte de l’étymologie, on note par exemple  le –s du pluriel, le –r de l’infinitif  ou le –t du participe passé, que ceux-ci se prononcent ou pas selon l’usage local. Prononciation pour le pays d'Arles (entre crochets, signes de l’alphabet phonétique international) : à = [a], -a final = [ɔ], ò = [ɔ], o = [u], u = [y], au = [aw], nh = [ɲ], lh = [j].